Après les scénaristes et d’autres catégories sociales non-salariées, les auteurs professionnels viennent de créer leur syndicat. La Ligue des auteurs professionnels s’est réunie dans la maison de Balzac le 6 septembre 2018 pour son lancement officiel. Comme leur billet le rappelle, la situation des créateurs ne cesse de se dégrader. Le webzine Actualitte a couvert l’événement en rappelant les faits que chacun connait.

Or, quand on regarde leurs doléances, de quoi s’agit-il ? Le plus souvent, des relations conflictuelles avec des éditeurs.

Quand comprendront-ils que, au XXIème siècle, il existe un truc qui s’appelle l’auto-édition ?

Les éditeurs se sont créés à une époque où créer un livre nécessitait un investissement et impliquait de nombreux frais. Au départ, les éditeurs étaient d’ailleurs aussi imprimeurs et libraires. Avec l’impression à la demande et les supports électroniques, les contraintes justifiant l’existence des éditeurs n’existent pratiquement plus.

Vue la masse de gens qui veulent -encore- se faire éditer et le formatage imposé aux oeuvres, de toutes les façons, secouer vos chaînes, chers auteurs, ne servira pas à grand’chose. Peut-être parviendrez-vous à obtenir une intervention des Pouvoirs Publics sur les abus les plus flagrants, comme l’absence d’édition annuelle des comptes. Mais guère plus.

Quant aux apports des éditeurs régulièrement ressassés comme la « qualité » ou la « promotion », c’est une vaste blague dans 90% des cas. Tous les éditeurs comptent sur les auteurs pour se conquérir une audience sur les réseaux sociaux. La promotion publicitaire est quasi-inexistante. Et le mot « qualité » renvoie en fait à des modes ou à des stéréotypes.

Alors, c’est vrai que créer prend du temps. C’est notamment et surtout le cas pour les auteurs de bandes dessinées. Mais compter sur un éditeur pour se nourrir avec des avances est une chimère. De toutes les façons, la création nécessitera toujours un investissement en temps important et celui-ci devra être financé par d’autres travaux rémunérateurs (un autre métier ou des oeuvres de commande) avant la mise sur le marché. Ce n’est que progressivement que le créateur pourra espérer obtenir un revenu issu de ses oeuvres. Et en vivre reste un doux rêve dans l’immense majorité des cas. C’est autant vrai pour les auteurs que pour les compositeurs ou d’autres artistes.

Chers auteurs en colère, cessez de secouer vos chaînes !

Brisez les !

Adoptez l’autonomie ! Adoptez l’auto-édition !

(Addentum : on remarquera que la photo illustrant l’article ne porte aucun crédit de photographe, du moins alors que j’écris ces lignes… Le droit des auteurs, c’est bien, mais ceux des photographes aussi sont importants. Même si la photo a été prise par un amateur ou avec un retardateur, c’est un mauvais exemple qui est donné.)