Les belles histoires de Tonton PierreAvez-vous, un jour, véritablement saisi l’importance de l’écriture ? Je ne parle pas de la vie quotidienne où nous faisons, aujourd’hui, passer beaucoup de choses par des textes écrits. Ni du fameux « les paroles s’envolent, les écrits restent ». Je parle du temps long, de l’histoire. Voire de l’Histoire.
La différence entre ce qui est écrit ou pas est colossale. Le destin des civilisations, de même, varie du tout au tout selon le sort réservé à l’écriture.

Ainsi, aujourd’hui, que se préoccupe de tous les empires africains ? Leur histoire était transmise oralement. La colonisation les a effacés. Pourtant, les civilisations construites n’avaient rien à envier à celles d’autres régions du monde.
Sans aller si loin, restons en Europe. Restons en France. En France ? N’était-ce pas, auparavant, la Gaule ? Quelles traces de la Gaule sont restées dans la mémoire collective ? Les écrits de Jules César, des écrits de propagande destinés aux autres Romains. Brillante civilisation, la Gaule détestait l’écrit. Tout au plus l’écrit était-il utilisé (avec l’alphabet grec) pour une chose vulgaire : le commerce. Tout le reste se transmettait de bouche de druide à oreille de druide.
Mis à part le fait que la Gaule a sombré dans l’oubli, même les habitants actuels de son territoire ont un certain mépris pour la civilisation antique locale. Au XIXème siècle, c’était même clair pour tous : les Gaulois étaient des sauvages que Rome avait civilisés. La différence entre d’un côté la Grèce et Rome et de l’autre la Gaule ? L’écrit. La Grèce a été colonisée avant la Gaule mais nul ne l’a oubliée, nul ne la méprise. On en oublierait presque que l’armée romaine et la haute administration impériale ont rapidement été des institutions reposant sur de nombreux Gaulois.
Et de tous les peuples de l’antiquité, le seul qui ait résisté à tous les massacres, à toutes les dispersions, c’est le Peuple du Livre, le peuple de l’écrit, le peuple Juif, celui qui a tout couché, ses mythes et ses croyances, sur des rouleaux répliqués en milliers (puis en millions) d’exemplaires. Du coup, ceux qui se sont réunis autour du Livre ont assuré la permanence d’un héritage.
Tous les autres peuples de la même époque ont disparu au fil des périples, des migrations, des dispersions et des massacres.