Carcer et autres libérationsQuand j’étais enfant, il existait un jeu télévisé où les candidats voyageaient dans le monde et filmaient leur périple. Ils envoyaient toutes les semaines leurs films sur pellicule à la chaîne et tous les films étaient diffusés à l’antenne. Un jury décidait alors s’il fallait ou non que le candidat continue son voyage aux frais de la chaîne selon la qualité du film. Il serait temps qu’un tel jeu revienne, mais mis bien sûr au goût du jour, à la mode téléréalité.

J’ai déjà conçu un jeu de téléréalité un peu pervers dans Carcer. Là, il s’agirait de quelque chose de bien plus sympathique.

Des principes de jeu classiques

Le principe de base est simple : plusieurs candidats voyagent dans un ou plusieurs pays. On peut imaginer que tous les candidats doivent être dans le même pays ou, au contraire, que chacun a le sien au départ. Le pays pourrait être tiré au sort et inconnu du candidat au départ ou, au contraire, choisi par lui. Changer de pays en cours de périple provoque tout de suite un grand nombre de complications comme les visas, les assurances, l’argent, etc.

Le voyage du candidat se réalise bien sûr aux frais de la chaîne diffusant le jeu avec un budget à ne pas dépasser. Ce budget serait fixé en fonction, par exemple, de l’Indice Big Mac. En retour, le candidat doit filmer son périple et envoyer le film pour diffusion à la chaîne. Tant que le candidat est conservé dans le jeu, il continue de voyager. Quand son film est jugé insuffisant, il rentre en France et sort du jeu. Le dernier à rester en lice pourrait gagner un tour du monde.

Quelles différences avec le jeu de mon enfance dont je vous parlais au début ? Il s’agit essentiellement d’une évolution pour le mettre au goût du jour.

Tout d’abord, nous sommes à l’époque du numérique. Filmer peut facilement se faire avec un smartphone. De même, l’envoi du film peut se faire via Internet et les réseaux sociaux ou une plate-forme de type You Tube / Dailymotion, etc.

Par ailleurs, plutôt d’un jury, le choix des candidats qui continuent serait confié aux spectateurs via des votes.

Enfin, un certain nombre de contraintes pourraient être posées. Par exemple : interviewer tel type de personne, faire visiter un monument de tel type (avec commentaire), etc.

L’intérêt pour le spectateur

Outre la mécanique habituelle de tous les types de téléréalité sur le buzz autour des faits et gestes des candidats, la mécanique du jeu vise à faire découvrir des pays, des cultures… On peut donc amener sur un programme ludique une population plutôt intéressée par la culture.

La mécanique économique

Bien entendu, pour qu’une telle émission puisse exister, il lui faut un modèle économique. Le coût de production se limite, outre les frais d’animation et de studio similaires à toutes les émissions télévisées, au voyage de chaque candidat. Celui-ci peut être seul sur place puisqu’il se filme lui-même. Il suffit à la production de prévoir une assistance classique aux voyageurs : de très bonnes compagnies sont spécialisées là-dedans.

Bien entendu, une telle société d’assistance pourrait être partenaire-sponsor de l’émission. Il en est de même d’un fabriquant de smartphones (modèle remis aux candidats pour montrer qu’il filme bien), d’un opérateur télécom, d’une plate-forme type Dailymotion / Youtube, d’une chaîne d’hôtels (qui pourrait loger les candidats), d’un tour-operator (qui pourrait mettre en avant un pays qu’il propose à son catalogue), d’un éditeur de solution de traduction ou d’apprentissage de langues…

Une variante plus onéreuse

J’ai décrit ci-dessus une version très culturelle et peu onéreuse à produire. Mais on peut imaginer une version nettement plus « télé-réalité » et coûteuse.

Nos braves voyageurs changeraient ici de pays à chaque épisode et auraient comme base arrière un hôtel partenaire commun (largement montré, bien sûr). En amont, il conviendrait donc de prévoir les visas pour tout le monde. Les candidats pourraient être accueillis et briefés par un agent d’un tour-operator partenaire.

A chaque étape, le candidat le moins bon est éliminé et la destination est de plus en plus enchanteresse. Le but de leurs reportages, toujours tournés grâce à leurs smartphones, serait de faire découvrir la région et donc de donner envie aux téléspectateurs de se rendre au même endroit.