« Ainsi meurt la démocratie… » : ces quelques mots prononcés par Padmé Amidala, sénatrice de Naboo, dans le film « La Revanche des Sith« , au moment où son ancien mentor prend le pouvoir absolu et devient Empereur de la Galaxie, constituent un point culminant du film. Car, oui, la démocratie peut mourir. La démocratie est morte de nombreuses fois dans l’histoire, et pas seulement à cause d’une invasion barbare détruisant un havre de paix civile. Le cas le plus fréquent est d’ailleurs un effondrement de l’intérieur.

Ce qui s’est passé à Washington le 6 janvier 2021 restera sans doute dans l’histoire comme un choc semblable à celui du 11 septembre 2001. Les Etats-Unis sont autant fragiles que les autres. Là-bas aussi, la démocratie peut chuter.

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Peu après les événements, un sondage hallucinant montrait que, aux Etats-Unis, un électeur sur cinq et un membre du Parti Républicain sur deux, approuvaient la tentative de coup d’Etat du 6 janvier 2021. Rappelons que cette tentative de coup d’Etat se justifie par un ultra-complotisme absolument délirant construit depuis des années. L’opération Qanon restera comme la plus extraordinaire des manipulations de masse de notre époque : un inconnu s’autoproclamant dans les hautes sphères de l’Etat (au niveau Q de l’administration, donc habilité aux secrets les mieux gardés) a réussi à convaincre une masse de gens qu’il existait un complot satanique et pédophile que Trump allait démasquer. Aucune preuve (ni même aucun indice sérieux), aucun début d’action. Mais ce délire a eu malgré tout des conséquences… Et le mensonge a continué avec un Trump qui n’a pas reconnu le verdict des urnes.

Ne méprisons pas trop les Américains. N’oublions pas que la France a eu sa crise des Gilets Jaunes, également nourrie au complotisme et ayant également eu pour ambition de renverser la démocratie. N’oublions pas que le pays de Descartes et de Pasteur est aussi le pays le plus anti-vaccins et le plus prompt à se saisir des théories les plus folles. Des théories délirantes comme la croyance que la Terre est plate, alors que l’expérience quotidienne démontre l’inverse et que la rotondité de la Terre est connue depuis l’Antiquité, continuent de se propager. La réalité n’est pas une opinion. La science n’est pas une opinion parmi d’autres. Ces évidences n’en sont plus pour beaucoup de nos contemporains.

La démocratie est le pouvoir du Peuple, de tout le Peuple. Une bande de demeurés ou de manipulateurs ne peuvent s’arroger ce pouvoir. Enfin, si, justement, ils le peuvent, mais à condition que le Peuple les laisse faire. Défendre la démocratie est un combat.

Il faut se souvenir que, il n’y a pas si longtemps, des marches de partisans de tyrans ont mis à bas la démocratie : Mussolini et sa marche des Chemises Noires sur Rome, Hitler et ses émeutes anti-juives comme la Nuit de Cristal, Franco et la Guerre d’Espagne… A chaque fois, il y a des mensonges répétés encore et encore à un peuple crédule. Hier, les Alliés ont trahi l’Italie, les Juifs dominent le monde, la République est corrompue… Aujourd’hui, on retrouve des mensonges similaires, des délires de Qanon aux remises en cause d’élections.

Il y a un homme qui a été gouverneur de Californie, issu du Parti Républicain, qui est né en Autriche en 1947 et a connu les effets de la chute du nazisme, les regrets du peuple abusé qui ouvre enfin les yeux à cause de la défaite. Cet homme est Arnold Scharzenegger et il a diffusé sur Twitter un discours extraordinaire qui, espérons-le, restera lui aussi dans l’histoire.

Oui, la démocratie peut mourir. Mais tant que chaque citoyen se battra pour elle, elle vivra.

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