Affiche du film “ Entre les murs", de Laurent Cantet.Entre les murs, de Laurent Cantet, avec François Bégaudeau.

Entre les murs, de Laurent Cantet, avec François Bégaudeau, a obtenu une Palme d’Or au soixante-et-unième Festival de Cannes, à l’unanimité d’un jury présidé par Sean Penn. Il suit un jeune enseignant de français durant toute une année avec une classe précise de quatrième. On ne voit rien de ce qui se passe au dehors du collège, que ce soit pour les élèves comme pour le professeur. On reste ainsi entre les murs d’une classe. Les tranches de vies ainsi sélectionnées s’enchainent pour construire le portrait de cette petite collectivité.

Ce film tient bien sûr d’une part de l’exercice de style, d’autre part du film social. On peut gloser à l’infini sur l’intérêt d’accorder une Palme d’Or à un film réalisé avec si peu de moyens, dont le scénario est basique et la plupart des acteurs amateurs. S’il y a quelques longueurs ressenties, surtout au début de la projection, l’art consiste ici justement à intéresser, à attendrir ou à provoquer diverses autres émotions chez le spectateur.

Et en ce sens, Entre les murs est clairement une réussite, au contraire d’autres films « à caractère social » qui n’avaient vocation qu’à nourrir leurs réalisateurs tout en réunissant de nombreuses récompenses (La question humaine, de Nicolas Klotz, est le meilleur exemple de ce genre de films nuls alignant les banalités avec une réalisation affligeante et un scénario squelettique mais qu’il convient de glorifier dans certains milieux). L’originalité de l’approche d’Entre les murs peut rebuter mais force est de constater qu’il n’est pas nécessaire d’aimer le boboisme bien-pensant pour apprécier réellement ce film.