Carcer et autres libérationsLa prison rassure les honnêtes gens qui en réclament toujours plus, avec des peines toujours plus lourdes. Et les politiciens démagogues en rajoutent. Une fois cela constaté, essayons de retrouver un peu de rationalité.

Bien que j’ai écrit un roman de quasi-anticipation utilisant une prison comme décor d’un jeu télévisuel, Carcer, je suis très réticent à cette forme de châtiment. Pourquoi ? Parce que cela ne marche pas, tout simplement.

A quoi est censée servir la prison ? Essentiellement à réformer l’individu et à l’éloigner de la société afin que la blessure infligée par le crime puisse se refermer. Plus la blessure infligée et la réforme nécessaire sont importantes, donc plus le crime est grave, plus la peine sera lourde. Bien entendu, il y a aussi une intention de non-récidive et de dissuasion.

Certes, les honnêtes gens craindront la prison et y réfléchiront à deux fois avant de tuer leur voisin trop bruyant, leur épouse infidèle ou je ne sais qui leur ayant fait tort. Il s’agit en fait de la crainte d’un châtiment quelconque qui signifierait une dégradation sociale. Prison ou autre chose, qu’importe. Ce n’est pas tant le châtiment lui-même que ses conséquences sociales, la honte induite, qui est redoutée. Pour un criminel, la prison n’est plus que rarement dissuasive.

Côté réforme de l’individu, force est de constater que la prison est surtout un creuset où de petits délinquants deviennent des criminels endurcis. Voire, aujourd’hui, où des délinquants médiocres affamés de reconnaissance deviennent des terroristes.

Bref, ça ne marche pas.

Jadis, la prison n’était pas un châtiment mais juste un moyen de garder sous la main un prévenu ou un condamné dans l’attente de son jugement ou de son réel châtiment. En général, ce châtiment était physique et très souvent c’était la peine de mort. La peine de mort a au moins cet avantage que la récidive est peu probable, sauf dans les films de zombies. Cette sauvagerie n’est évidemment pas non plus une solution.

Autant ne pas vous faire languir plus longtemps. Je n’ai pas solution satisfaisante à proposer. Dans un certain nombre de cas, les peines alternatives semblent mieux fonctionner, précisément parce qu’elles constituent des rééducations sociales.

Peut-être que la meilleure solution reste celle que j’évoque dans Les Lettres de l’Espace : l’exil sur une planète lointaine et déserte.