Le dernier film de Christian Carion est une vraie prise aux tripes.

Joyeux Noël, de Christian Carion, n’est pas un film de guerre mais un film sur la guerre. Plus exactement sur les fraternisations spontanées qui eurent lieu lors de Noël 1914 entre les lignes allemandes et les lignes franco-anglaises.

Le plus terrifiant est au début, les trois premières scènes. Trois petits enfants, chacun dans leur classe, respectivement en France, en Allemagne et en Angleterre. Il récitent un poème ou chantent une chanson « patriotique ». Autrement dit : une voix innocente qui ressasse les horreurs et les haines voulues par des adultes.

Evidemment, tous les acteurs, tous les décors, les moindres détails sont formidables. Pas un seul défaut dans une réalisation totalement maîtrisée avec des images qui sont magnifiques.

Le plus extraordinaire, c’est peut-être que l’on ne s’aperçoit même pas que chaque « camp » parle dans sa langue et que, par conséquent, la langue employée par les acteurs change selon l’endroit où se situe la caméra. Sans doute la preuve ultime que nous sommes témoins d’un drame unique et partagé. Le suicide de l’Europe. La fin d’un monde. La fin de millions d’hommes.