L’archange fou

Nous sommes des dieuxNouvelle issue du recueil Nous sommes des dieux.

L’épée trancha la tête sans être ralentie tant la force qui l’animait était grande. Son porteur poussa un cri de triomphe tandis que sa victime se vidait de son sang, déjà morte. L’humain n’avait eu aucune chance. Il était seul dans la lande glacée quand il avait rencontré ce qu’il cherchait. Il était le dernier de sa troupe. Les autres avaient été exterminés les uns après les autres.
Il aurait dû rebrousser chemin. Cette expédition était stupide. Il n’aurait pas dû même la tenter. Revenir vivant aurait constitué un miracle. Surtout en cas de succès. Et l’expédition avait découvert ceux qu’elle cherchait.
Le néphilim abattît sa lourde patte velue sur l’épée de son adversaire. Il s’en saisit par la lame sans précaution et il la jeta dans sa besace. Puis il prit la tête tranchée, tressa un lien avec les longs cheveux et l’accrocha à sa ceinture, à côté des cinq autres. En lire plus L’archange fou

La tombe

Nous sommes des dieuxNouvelle issue du recueil Nous sommes des dieux.

La dernière pierre venait d’être posée. On la glissait de force dans son emplacement. On entendait le mortier excédentaire tomber sous forme de grosses gouttes le long du mur. Il n’y avait plus de lumière, plus la moindre.
Il était impossible, désormais, d’admirer le sarcophage doré à l’or fin qui brillait, quelques heures plus tôt, de mille feux sous le soleil de la vallée. Il contenait d’autres sarcophages, empilés les uns dans les autres. Au centre de toutes ces protections demeurait un corps embaumé. Celui qui, seul, gardait de l’importance ici. L’être qui avait usé de ce corps continuait d’exister pour l’éternité. Il avait besoin pour l’aider dans son voyage des multiples objets disposés autour de lui. Il avait aussi besoin de ses collaborateurs les plus proches et de leur amour, de leur dévotion. En lire plus La tombe

La fin du monde est remise

Nous sommes des dieux

Nouvelle issue du recueil Nous sommes des dieux.

Lucifer portait toujours une torche allumée pour visiter son domaine. Son nom, du moins l’un de ses noms, ne signifiait-il pas, en effet, « porteur de lumière » ? Il préférait celui-là à Belzébuth, le seigneur des mouches. Devoir régulièrement utiliser sa queue pour chasser ces compagnes énervantes l’insupportait. Quant à Satan, il lui rappelait trop les cultes satanistes que quelques médiocres imbéciles lui rendaient. Son Ignominie, Seigneur des Tréfonds, vomissait ces crétins qui ne comprenaient rien. Il était malade à l’idée même d’avoir un jour à les dévorer dans son domaine infernal.

D’une manière générale, Lucifer aimait malgré tout  l’imagination de ceux qui cherchaient à le nommer sans donner un « vrai nom » qui n’était pas plus vrai que les autres. Comme un sémiologue italien l’avait remarqué, il n’est pas nécessaire de connaître le nom de la rose pour savoir qu’elle est une rose. C’était autant vrai pour Lucifer-Satan-Belzébuth-Etc. Que pour les roses, même si le Diable ne sentait pas vraiment la rose.
Bref, Lucifer portait donc une torche allumée et visitait son domaine de fonds en combles. Là encore, il s’agit d’une expression peu appropriée car l’Enfer est, par définition, en totalité dans les Tréfonds, même si ce terme est assez peu géographique.

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