Bien entendu, les bien-pensants ne s’intéressent pas aux porn-stars. Cet article ne leur est donc pas destiné. Mais, ayant plusieurs fois mis en scène des travailleuses du sexe (de Le Laid à Le Pornophile), j’ai jugé qu’il était préférable de me documenter un peu. Il se trouve que l’ex-Katsuni, née et redevenue Céline Tran, a écrit en 2018 ses mémoires avec un titre explicite : « Ne dis pas que tu aimes ça« . Il se trouve aussi que les prises de position de Céline Tran ou de sa consoeur Ovidie me plaisent en général.

J’ai donc fini par acheter et lire ces mémoires.

Elle a choisi de débuter dans le métier d’actrice pornographique pour la même raison qu’elle a arrêté : le plaisir. Faire un métier qui plaît, au delà de la passion, qui apporte la jouissance, est tout de même intéressant. Surtout quand il rapporte beaucoup. Le fait qu’elle « aime ça » a finalement plus choqué que le métier lui-même. D’autres préfèrent dire que c’est pour l’argent, parce qu’ils n’ont pas le choix… Katsuni, elle, assume. Jusqu’au jour où le métier change et où elle ne trouve plus son plaisir en l’exerçant.

Il y aussi les côtés sombres. Bien sûr, la famille est pour le moins réticente. Et avoir une vie sentimentale à côté du travail se révèle quasiment impossible et source de nombreuses désillusions.

L’écriture est simple, franche, agréable. Ceux qui veulent du scabreux en resteront pour leurs frais : les récits de tournages restent des récits de tournages, pas des descriptions érotiques. Il en résulte un vrai et intéressant travail documentaire sur un monde que la plupart d’entre nous ne connaîtrons que par l’extérieur.