Nous sommes le cinq mars. C’est une bonne date pour parler d’un individu qui perdit la tête pour l’avoir vue trop enfler : Henri Coëffier de Ruzé d’Effiat, marquis de Cinq-Mars.

Ce personnage m’a toujours à la fois fasciné et amusé. J’admets que son nom ridicule a été un facteur pour mon intérêt.

Mais Cinq-Mars est surtout l’archétype du jeune crétin prétentieux, de l’arriviste raté. Tellement raté qu’il va être condamné à mort et exécuté.

Revenons sur cet individu. Issu d’une noblesse de niveau raisonnable mais sans plus, il est protégé par Armand Jean du Plessis de Richelieu, dit Cardinal de Richelieu, qui était ami de son père. Pour des raisons de basse politique, le cardinal introduit son jeune protégé auprès du Roi et Cinq-Mars devient ainsi le favori de Louis XIII.

Mais les relations entre le jeune marquis et le roi ne sont pas si bonnes que cela. L’austère monarque déplaît au godelureau qui, en retour, attire les reproches du roi. Et puis le jeune Cinq-Mars s’estime beaucoup. Il est vrai qu’il a des fonctions très honorables à la Cour. Et il s’entiche de Marie de Gonzague-Nevers, de bien plus haute noblesse que lui. Elle épousera d’ailleurs finalement deux rois de Pologne. Mais le jeune Cinq-Mars a besoin d’obtenir un duché-pairie pour pouvoir prétendre se marier à sa belle. Le roi et le cardinal rabattent son caquet au jeune marquis qui, du coup, est vexé.

Il va alors se mêler à l’un des complots de Gaston d’Orléans. Celui-ci a passé son temps à vouloir devenir roi à la place du roi, problème atavique chez les Orléans (finalement, Louis-Philippe réussira). Evidemment, le complot va échouer. Trahi, le roi fait condamner à mort les conjurés, épargnant son frère Gaston, exilé et déchu de ses droits à la régence.

Cinq-Mars meurt décapité par un bourreau maladroit le 12 septembre 1642 à Lyon en compagnie de François-Auguste de Thou, un autre conjuré.

Le personnage est certes un arriviste, un prétentieux et un imbécile mais il est aussi l’exemple du crétin vexé qui épouse une cause non pas pour la cause elle-même mais parce qu’elle lui permet de satisfaire son égo.

Le marquis n’a en effet rien à faire de la politique de Richelieu visant à abattre les puissances européennes rivales de la France, quitte à être l’allié des Protestants. La cause pro-catholique qu’il soutient est juste un prétexte qui lui permet de valoriser son égo et de se venger de ses anciens protecteurs.

Regardez autour de vous et dans les actualités : vous reconnaitrez de nombreux dignes héritiers de Cinq-Mars. Parfois, on en arrive à regretter que l’on ne tranche plus de têtes à Lyon sur la place des Terreaux.