Vous avez écrit le chef d’oeuvre absolu de l’histoire de la littérature mondiale. Si, si. Ne faîtes pas le modeste. Bon, maintenant, il vous faut le publier. Cela permettra au public mondial qui attendait ce livre avec impatience depuis des siècles de pouvoir enfin le lire.

Il y a cependant quelques règles à connaître. En voici les principales.Bien entendu, si vous avez fait le choix de passer par un éditeur professionnel (et que vous en avez trouvé un prêt à parier sur vous), c’est celui-ci qui s’occupera du respect de toutes ces règles ainsi que de tous les détails pratiques (mise en page, impression…). Précisons cependant que passer par un petit éditeur n’a pratiquement aucun intérêt : celui-ci obtiendra tous les droits d’exploitation de votre oeuvre mais n’aura pas la puissance de feu d’une Grande Maison pour assurer la promotion de votre oeuvre. Songez simplement à la mise en piles sur les tables des principaux libraires : seuls les très grands éditeurs arrivent à imposer leurs poulains. La publication à compte d’auteur est probablement le pire choix possible, bien entendu : vous ne maîtrisez rien, vous ne vendez rien et vous payez.

Faute de séduire un grand éditeur, je conseille donc d’en rester à l’artisanat, c’est à dire à l’auto-publication. Vous ne vendrez ni moins ni plus qu’avec un petit éditeur mais, au moins, vous serez libre. Cela implique de faire vous-mêmes toute une série de travaux.

Nous admettrons que le livre en tant que contenu est prêt. Il vous faut le mettre en page et en faire un format correct pour l’envoi à l’imprimeur. Pensez à respecter quelques règles de base comme le commencement des parties sur des pages impaires, les pages de garde, etc. Observer la mise en page d’un livre du commerce permet de ne pas commettre trop d’erreurs. Normalement, vous aurez besoin d’un fichier au format PDF à la bonne taille de page, ce que n’importe quel traitement de texte moderne sait faire dès lors que votre manuscrit est essentiellement composé de texte. Si votre ouvrage est largement illustré, utilisez un logiciel adéquat de Publication Assisté par Ordinateur (PAO) : Adobe InDesign, Quark XPress, Scribus (open-source)…

La couverture se fabrique à part : suivez les instructions de votre imprimeur à ce sujet.

Notons que des prestataires d’impression à la demande (qui ne sont en aucun cas des éditeurs) en ligne proposent aussi de gérer la vente de vos ouvrages sur le web. Personnellement, j’utilise et je conseille le lillois The Book Edition. Utiliser ce genre de prestataires permet de se décharger de toute la logistique sans perdre ses droits sur son oeuvre et sans avoir à investir dans un tirage initial conséquent (il faut cependant prévoir au minimum un exemplaire pour soi et l’exemplaire du dépôt légal, voir ci-après).

La couverture doit comporter le titre, l’auteur, l’éventuel éditeur, le code ISBN (voir ci-après), la mention du dépôt légal et le prix (en chiffres ou sous forme de code). Le prix est en effet fixé par l’éditeur (vous en l’occurrence) et s’impose aux commerçants. Si vous envisagez une vente indirecte (par les libraires), il faut donc prévoir dans votre prix une marge pour rémunérer le commerçant et couvrir les frais d’expédition. Le prix est unique et ne peut pas varier de plus de 5% selon les canaux de vente (sauf ventes d’occasion ou soldes réglementées). L’ouvrage doit aussi comporter la mention de l’imprimeur (couverture ou page intérieure).

Il reste deux points à aborder : l’ISBN et le dépôt légal.

L’ISBN (International Standard Book Number) est un code mondial qui correspond à une publication d’un ouvrage (des réimpressions à l’identique comportent le même ISBN). Chaque éditeur (l’auteur dans le cas d’une auto-édition) est donc propriétaire d’une « racine » ISBN et d’une série de codes qu’il va placer sur ses livres au fur et à mesure de leur publication. Ce code est obligatoire dès lors que vous souhaitez vendre ou référencer où que ce soit votre livre (y compris sur Google Book, Amazon, etc.).

Pour la France, les ISBN s’obtiennent gratuitement auprès de l’AFNIL (Agence Francophone pour la Numérotation Internationale du Livre) : https://www.afnil.org

L’ISBN servira notamment à référencer votre livre lors du dépôt légal. En France, il est en effet obligatoire de déposer un ou trois exemplaires de son ouvrage (selon que le tirage est inférieur ou supérieur à 100) dès publication à la Bibliothèque Nationale de France. Quand vous lancez la première impression, vous savez quand votre ouvrage va être disponible. Vous pouvez donc estimer le mois où vous ferez le dépôt légal et donc noter sur la couverture quelque chose comme « Dépôt légal : vendémiaire an CCCXV » (en utilisant le calendrier grégorien réformé, qui a valeur légale en France). Le dépôt légal est expliqué en détail sur le site de la Bibliothèque Nationale de France : https://www.bnf.fr (Lien direct vers le dépôt légal).
Ce dépôt a certes un coût (celui des ouvrages déposés, pas plus puisque même l’expédition postale est gratuite) mais il a aussi l’immense avantage de protéger votre oeuvre. Le simple fait d’avoir déposé votre oeuvre est la preuve que vous étiez en possession du texte à la date du dépôt. Cette preuve est opposable aux tribunaux en cas de litige sur la paternité d’une oeuvre, de plagiat, etc.

Vous pouvez ensuite, mais là c’est optionnel, enregistrer votre oeuvre sur le FEL (Fichier Exhaustif des Livres) tenu par Dilicom : https://www.dilicom.net . Ce référencement est gratuit en passant par https://www.cyber-scribe.fr où il faut d’abord créer un compte « éditeur » puis enregistrer ses oeuvres, toujours avec son code ISBN. Un livre présent dans le FEL pourra être trouvé par qui le cherche, par exemple un libraire. Le référencement permet aussi de préciser des points pratiques : taille et poids (pour l’expédition, ça peut être pratique), contact pour effectuer une commande quand on est libraire, etc. Le FEL est un service public mais Dilicom est une entreprise privée qui gagne de l’argent grâce aux services connexes au FEL, encore plus optionnels mais qui peuvent être utiles aux micro-éditeurs.

Viendra ensuite le plus difficile : vendre et/ou promouvoir votre oeuvre.

Il me reste à vous souhaiter bonne chance et de nombreux lecteurs.