Coup de gueule

Les habitués de ce blog savent à quel point je déteste le petit monde des culturocrates. Ces bouffeurs de subventions détruisent méticuleusement la création pour assurer leur snobisme, leur « bon goût », entraînant de fait la création française dans les abîmes et l’appétit des Français pour la création littéraire et artistique dans les tréfonds. J’ai eu l’occasion d’en parler au sujet des Oscars 2022 et aussi au sujet des Prix Littéraires genre Goncourt.

Dernier avatar des sévices infligés par les culturocrates : le coût minimum de livraison des livres.

Je suis abonné à Amazon Prime. Je publie sur Amazon Kindle Direct Publishing (entre autres plates-formes). Autrement dit : je suis un allié de Satan. Car, pour les culturocrates, un livre n’existe que vendu hors de prix, avec un service nul et un choix médiocre, par un boutiquier de quartier qui ne connait pas sa propre marchandise. Ce libraire de quartier, qui n’est qu’un commerçant, accapare entre 30 et 40% du prix de vente final, soit environ quatre fois plus que l’auteur dans le circuit dit « traditionnel » où l’auteur est escroqué à tous les étages (éditeur, libraire…). Toute solution alternative, surtout si elle redonne le pouvoir au créateur ou au consommateur, est le Mal. Même si des créateurs établis n’hésitent plus à sauter le pas de l’auto-production plus ou moins totale, comme Boulet ou Taylor Swift.

Et voilà le message qu’Amazon m’a envoyé aujourd’hui : « À compter du 7 octobre 2023, une nouvelle réglementation sur les frais de livraison des livres neufs entre en vigueur en France. Elle s’applique à tous les vendeurs de livres en France et impose pour toute commande contenant moins de 35 € de livres neufs un minimum de 3 € de frais de livraison. Pour les commandes contenant 35 € de livres neufs ou plus, le montant minimum de frais de livraison sera de 0,01 €. Cette réglementation s’applique à l’ensemble des clients en France, y compris ceux ayant souscrit à des abonnements comme Prime, et concerne l’ensemble des livraisons de livres neufs en France métropolitaine. » Comprenez : « pour faire plaisir aux boutiquiers dont se détournent avec raison les consommateurs, à compter du 7 octobre 2023, les livres coûteront trois euros de plus. » Sur un livre de poche, c’est une augmentation d’environ 30% (voire plus).

Bref, les culturocrates veulent encore provoquer un recul de la lecture en France en la rendant une nouvelle fois (après cet abominable « prix unique du livre« ) économiquement inaccessible.

Mais, là où ils vont être punis, c’est, ô grandeur de la justice divine, par là même où ils ont pêché. Car qu’implique cette stupidité d’accroître de 30% le prix des livres papier ? Ben, on va tous acheter des livres électroniques. Qui est le leader incontesté des livres électroniques ? Amazon Kindle.